La paix aura duré une dizaine d’années sur Pandora, une lune de la planète géante gazeuse Polyphème. Suite au retour délétère des humains, l’avenir des Avatars et de leur écosystème se retrouve soudainement compromis.
Au-delà des spéculations entourant ce deuxième opus de la saga réalisée par James Cameron, telle la confuse estimation de son coût de fabrication à 400 millions de dollars environ ou encore ses pronostics gargantuesques de rentabilité, une certitude subsiste : Avatar 2 : la voie de l’eau est un film attendu. Peut-être même est-il le long-métrage le plus attendu de l’année à travers le monde.
Il faut dire que film jouit de thèmes éminemment universels : la force du lien familial et de l’entraide. Dans cette nouvelle histoire co-écrite par James Cameron et Josh Friedman, l’action se déroule principalement chez les Metkayina, un clan d’Avatars vivant dans les récifs. Les Sully, une famille habitant initialement chez les Na’vi, y trouve refuge pour fuir le colonel Miles Quaritch voulant leur mort. Le lieu est certes idyllique sauf que tout n’y est pas rose. Les Sully devront dépasser certaines difficultés, à commencer par l’apprentissage d’aptitudes à se mouvoir dans l’eau, mais aussi et surtout à respecter un peuple aux aprioris et inimitiés à leur encontre.
Captivant, le film l’est. Les studios Walt Disney ont par ailleurs décidé de le rendre encore plus attractif lors d’avant-premières aux conditions exceptionnelles. Ainsi les Italiens profiteront-ils par exemple d’une projection sur les canaux de Venise, tandis que les Australiens verront leur célèbre piscine Bondi Icebergs transformée en panneau d’affichage géant, quand les New-Yorkais bénéficieront à Time Square d’un visionnage en 3D anamorphosé, et ce grâce à l’illumination simultanée de quarante écrans numériques.
Dès l’annonce de la sortie d’Avatar 2 : la voie de l’eau, les objectifs affichés étaient aussi nobles que complexes. Il s’agissait d’être à la hauteur de la technologie 3D, de combler le désir ardent de féérie du spectateur en lui faisant oublier des actualités peu réjouissantes et, enfin, de proposer en filigrane des idées de solutions aux problèmes actuels en invitant l’homme à l’empathie et au respect du vivant autour de lui.
En dépit de tous ces éléments, l’enjeu principal d’Avatar 2 : la voie de l’eau apparaît certainement être celui de l’immersion. La suite des aventures du héros Jake Sully porte une ambition aussi limpide qu’inouïe : nous faire visiter Pandora comme si nous étions nous-même un Avatar.
Si visionner un tel décor aquatique en 3D n’équivaut pas (encore) à plonger notre tête sous l’eau, nous ressentons en revanche l’allégresse propre à toute nage et semblons voir à travers les yeux du nageur, tantôt ébahi face à certaines créatures aquatiques, tantôt serein devant un horizon bleu azur, tantôt foudroyé par un obstacle imprévisible.
Ici, la science-fiction n’est pas un passe-droit à l’incohérence ou à la fausseté. Le montage entre les scènes en prise réelle et les scènes animées gagne peu à peu en fluidité, si bien qu’elles interagissent à la fin d’une manière fusionnelle tout à fait stupéfiante. Une impression d’authenticité se dégage par ailleurs de chaque être vivant, qu’il soit humain, avatar, animal ou végétal. Les peaux se plient, les tissus des habits se froissent, les yeux de l’animal en souffrance s’embuent. Grâce à leur délicatesse d’expressions, les Avatars vont jusqu’à nous apparaître davantage humains que les hommes eux-mêmes.
En digne héritier des films d’action, Avatar 2 : la voie de l’eau met en scène des gentils et des méchants. De manière relativement tranchée, les terriens y tiennent le plus mauvais rôle du script. Ce sont des personnalités assez caricaturales, des colonisateurs qui par l’appât du gain pillent des ressources aux propriétés extraordinaires pour leur propre espèce. Des scientifiques arrogants reconnaissant l’intelligence des animaux de Pandora et des Avatars tout en restant persuadés que leur supériorité technologique les mènera à la victoire.
Même si nous pouvons regretter que les points de vue propres à chaque espèce ne soient pas abordés dans leur plus grande complexité, l’espoir d’un approfondissement scénaristique dans la suite déjà annoncée de la saga tempère notre déception.
Compte-tenu de son ampleur, Avatar 2 : la voie de l’eau bénéfice de nombreux biais d’analyses et de réflexion. Toutefois, sa qualité la plus manifeste parait résider dans son regard porté sur la conscience non humaine. Pour sûr, l’intelligence animale a rarement été aussi joliment démontrée au septième art.
Hélène Robert
Avatar : la voie de l’eau
Réalisé par James Cameron
Avec Sam Worthington, Zoe Saldana, Jamie Flatters
Date de sortie : 14 décembre 2022 (3 h 12).
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